Bon, là je sens que je vais me faire des copines, hum, hum ... Qu'importe les faits sont là. Je vous avertis de suite avant de commencer : Ne chercher pas ici un plaidoyer pour ou contre la psychiatrisation, ce n'est pas le sujet !
Néanmoins force est de constater que bien avant, avant, pendant et après la transition il est un bon nombre de filles qui restent sur le carreau.
On ne va pas le répéter, c'est pas facile de vivre dans un placard, encore moins d'en sortir, toujours aussi dur au début de sa transition, pas évident pendant le changement et là ou je m'interroge, c'est sur le "après la transition". N'est ce pas là le point final à tous tourments, le point final à toutes frustrations, la fin d'une vie que l'on arrivait plus à assumer, la rive parfumée de notre revendication. Alors pourquoi ?
Pourquoi tant de filles à la dérive ? Pourquoi tant de filles mal dans leur peau ? Pourquoi tant de filles révoltées ? Pourquoi tant de fragilité ?
J'ai essayé de trouver des cas précis de réponses. Il y a celles dont l'opération ne s'est pas tout à fait bien passé ... Celles qui n'arrivent pas à accéder à l'opération ... celles encore qui rejetées par leur entourage, ne supporte pas la solitude ... Celles qui n'arrivent pas à retrouver du travail et qui de ce fait galère financièrement ... Mais cela ne représente pas la majorité, loin de là ... Alors les autres c'est quoi ?
Déprime chronique, tendance paranoïaque ou skyzophrène, névrose, toutes les pistes sont bonnes mais aucune ne semble convenir a ces personnes dont aucune ne veux reconnaître que finalement, ce rêve de conformité, d'équilibre, de bien être ne c'est peut être pas totalement réalisé pour elles.
Vous trouvez cela choquant comme propos ? C'est simple, pour se persuader du bien fondé de ce que je dis, il suffit de ce rendre sur certains forums, certains blogs, certaines pages facebook ou ailleurs pour en être convaincu. Cela transpire le malaise et le mal être, on peut y lire la révolte contre ceci ou cela, on eut y trouver de tristes litanies, des souffrances exprimées, de la violence même parfois, ce qui montre à quel point le malaise est important et profond. Que peut-on y faire ? Je n'en sais malheureusement rien, je ne suis pas médecin comme je le disais déjà ailleurs. Cependant ne pas être médecin ne veux pas dire être idiote ou aveugle.
Le seul véritable conseil que je sois à même de donner, à toutes celles qui vont suivre nos traces, est de ne pas vouloir aller plus vite que la musique. Votre transition provoque tellement de changement à la fois en vous, dans votre environnement et dans votre comportement au quotidien, qu'il ne faut pas en précipiter les choses ou en griller des étapes. Certes, depuis lors que l'on a prise la décision d'être enfin nous même, le sablier du temps semble être notre premier ennemi. Erreur, il est notre premier allié.
Prendre son temps ce n'est pas réfléchir "ad vitam in eternam" sur le bien fondé et les conséquences de notre moi, se faire balader au sein d'un protocole, ou encore s'engager dans dix années de thérapie pour savoir s'il n'est rien d'autre de sous jacent. Non ! C'est prendre pleinement conscience de chaque pas que l'on fait, d'assimiler et vivre pleinement chaque étape franchie et les transformer en bonheur quotidien. C'est prendre conscience et accepter que les choses peuvent parfois être trés difficiles et surtout ne pas passer à l'étape suivante en se disant que cela permettra de passer le cap, car il est bien connu que de laisser des boulets en arrière on n'en a jamais tiré des bénéfices. Tôt ou tard, notre vie nous rattrape. Notre identité de genre à besoin de temps pour passer d'un état à un autre, même si l'on s'est toujours senti profondément de l'autre rive, car entre le ressenti et la réalité il y a un fossé que de bien des filles n'ont pas encore traversé.