Obtenir le passeport de sa ré-assignation sexuelle n'est pas une mince affaire. Que ce soit en France ou à l'étranger, c'est bien souvent le résultat d'un long parcours et d'un engagement financier aussi dans certains cas.
En attendant nous n'avons pas véritablement le choix de vivre notre corps. Il est ce qu'il est et dans notre quotidien nous devons nous en accommoder. Un problème de plus lors de notre Coming-Out.
Notre sexe physique est notre problème majeur. Il ne nous correspond pas.
Pour ma part j'allais jusqu'à dire qu'il ne m'appartenait pas, qu'en rien il ne me ressemblait, me satisfaisait et très vite il devint "ma bête noire". J'étais obnubilée par lui, par sa présence indécente, par son coté hideux et par ce qu'il contrariait ma véritable identité. C'était oppressant. Je ne fus jamais nue de ma vie, sauf sous la douche ou dans le bain, c'est vous dire ...
Je n'avais qu'une idée en tête, qu'il disparaisse. Malheureusement comme beaucoup d'entre nous je ne suis pas magicienne et cette date de ré-assignation me paraissait si loin qu'il me fallait un compromis.
Le seul compromis que j'ai pu trouver fut: L'orchidectomie (ablation des testicules). Cela me permettait à la fois de dénaturer mon genre sexuel et cela était aussi une façon pour moi de me rassurer.
En effet, avec une Ostéodensitométrie à 114% de la valeur supérieure de la constitution osseuse de l'homme et un taux de testostérone élevé mon regard sur moi-même avait faiblit, bien qu'en d'autres endroits il y trouvait sa place. Taille 38 en chaussures, 36 en taille ceinture, pas de pomme d'adam, une poitrine toujours présente depuis mes quinze ans, de tout petits poignets et des petites mains et de vraies jambes de femmes. Mon moi intérieur quant à lui était sans doute aucun féminin.
En passer par l'orchidectomie pour moi fut très bénéfique, même si par la suite certains chirurgiens n'aiment pas vous voir arriver ainsi. L'aspect physique de mon entre-jambes n'était plus le même et mon regard aussi. Tout en devenant moins encombrant ce qui me rassura sur leur départ fut que je n'eus aucun regret, aucune crainte de mon devenir, aucun contre coup post opératoire. Un grand soulagement psychique dans lequel je trouva un renforcement de ma conviction.
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